Skip to main content

Solidement implanté dans la région de Gatineau-Ottawa, Prop-Air est engagé dans un projet de recherche afin de terminer la dernière phase de recherche et développement sur une technique de nettoyage de conduit d’air dans les avions.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, les conduits d’air des avions ne sont jamais nettoyés. Jamais! Ces aéronefs transportent des passagers dans un espace restreint et l’air passe par des conduits aux parois plutôt douteuses. C’est ce constat qui a poussé la jeune copropriétaire de Prop-Air de Gatineau, Alexandra Baril, à se documenter sur le sujet, à poser des questions aux intervenants de ce milieu et à réfléchir à une méthode de nettoyage qui pourrait être développée.

La division Prop-Air Aviation a ainsi été créée en 2017. Une suite logique pour Mme Baril.

Prop-Air effectue le nettoyage traditionnel des conduits d’air autant dans le commercial, l’institutionnel et le résidentiel. De fait, on nettoie n’importe quel conduit d’air, que ce soit un bateau, un véhicule récréatif ou autres. Notre côté débrouillardise est très fort et, lorsqu’il le faut, on développe un nouvel outil ou une nouvelle technique. Pour nous, l’aviation, c’est une nouvelle niche parce que la qualité de l’air dans les avions laisse à désirer. Le nettoyage des conduits d’air des avions ne se fait nulle part dans le monde. Ça ne fait pas partie des protocoles.

On peut ainsi penser à la poussière, aux cheveux, à la peau et aux microbes, mais également à l’air chaud des moteurs utilisés en vol qui peut parfois contenir des vapeurs d’huile et aux vapeurs de l’éthylène glycol qui sert au dégivrage des avions. Dans ses lectures, Mme Baril a appris que ces résidus sont traités comme des déchets toxiques lorsque la coquille de l’avion est refaite à neuf. Des incidents sont aussi répertoriés partout dans le monde – et souvent réglés hors cour – au sujet de passagers malades et du personnel de bord incommodé. Bref, un nettoyage s’impose!

AVANCER À PETITS PAS

Alexandra Baril savait dans quoi elle s’embarquait sachant que le milieu de l’aviation est très conservateur dans ses pratiques. Ainsi, au cours des trois dernières années, elle aurait pu baisser les bras à plusieurs reprises.

Notre constat était clair et je savais que ça ne se ferait pas du jour au lendemain. C’est à petits pas, étape par étape que je me suis lancée dans ce projet de recherche qui chemine lentement mais sûrement. 

La première étape en était une de conscientisation auprès des autorités concernées, notamment l’Office des transports du Canada. Appuyée par ID Gatineau, Mme Baril est allée frapper à la porte du Centre technologique en aérospatiale (CTA) pour ce projet de recherche, notamment pour avoir accès à des avions.

Le jour où nous avons pu entrer notre caméra haute définition dans les conduits d’air d’un avion, nous avons réussi à convaincre bien des gens. Ils ont constaté ce que nous leur disions au sujet des conduits impropres. C’était très sale, très noir. Une fois le constat de contamination établi, le projet de recherche a ensuite pu démarrer. 

L’autre constat important est que ces conduits ne sont pas faits pour être nettoyés. C’est l’objet du projet de recherche en cours afin de trouver une méthode qui n’endommagera pas les autres composantes de l’avion en plus de mettre au point l’équipement et les outils nécessaires pour le faire.

C’est extrêmement gros comme projet et je pense que nous pourrions avoir développé une solution d’ici cinq ans. Notre prochaine étape est de faire des essais avec certains outils, note Alexandra Baril. J’ai une excellente collaboration avec le CTA et je suis en attente d’un nouveau financement de 60 000$ de leur part pour poursuivre le projet cette année. C’est un projet stimulant qui est rendu à une étape emballante. 

L’objectif ultime de Prop-Air Aviation n’est pas de nettoyer tous les conduits d’air des avions sur la planète, mais ultimement d’ouvrir une école et d’y offrir de la formation et de vendre de l’équipement breveté.

UNE DÉMARCHE DE CROISSANCE

ID Gatineau accompagne Prop-Air dans ce projet d’expansion à très fort potentiel mondial. C’est André Goyette, commissaire en développement d’entreprise, qui a la responsabilité de ce dossier.

L’industrie aéronautique, ce n’est pas rien, c’est très réglementée, lance-t-il. Ajouter de nouveaux procédés demande beaucoup de temps. Ici, on assiste à une activité d’entrepreneuriat pure. Ça prend une entrepreneure de haut calibre pour mener un tel dossier, et Alexandra Baril en est une. 

Selon M. Goyette, Prop-Air jouit déjà d’une excellente réputation dans le domaine du nettoyage des conduits d’air.

C’est une logique d’affaires que d’ouvrir un nouveau front afin d’assurer la croissance de l’entreprise, poursuit-il. Dès le départ, j’ai été très actif notamment pour aider à trouver le financement, mais également pour faire le pont avec le CTA. Le travail de recherche se poursuit pour éventuellement mener à l’obtention d’un brevet.

Alexandra Baril admet que cette collaboration avec ID Gatineau est fructueuse pour son entreprise.

Une chance qu’ID Gatineau est avec nous dans le projet, affirme la jeune femme d’affaires. Nous ne connaissions pas le CTA ni les programmes en recherche et développement. Nous avons eu plusieurs rencontres à ce jour afin d’amorcer ce projet innovant et plusieurs autres sont à venir. Je sais aussi que nous aurons leur soutien à l’étape de l’exportation. 

UNE JEUNE FEMME DÉTERMINÉE

En entrevue, André Goyette avoue son admiration pour cette jeune femme d’affaires qui carbure aux projets et à la nouveauté.

Dans son projet de recherche, Alexandra faisait face au déni complet de l’industrie aéronautique. Elle a réussi à leur démontrer qu’il est possible d’agir afin d’améliorer la qualité de l’air des avions. 

La jeune femme d’affaires n’a que 29 ans et dirige Prop-Air, une entreprise fondée par son père, depuis maintenant 7 ans. Son mari, David McKee, est aussi copropriétaire de l’entreprise. Le couple a quatre enfants. Son mari s’occupe de l’organisation et de la logistique du travail. Alexandra s’occupe entre autres des contrats, des clients, du service à la clientèle et de l’embauche des employés. Elle note d’ailleurs à ce sujet une pénurie de la main-d’œuvre et mentionne qu’une quinzaine de postes seraient à pourvoir.

J’avais 21 ans lorsque je suis devenue propriétaire de Prop-Air avec mon mari, raconte-t-elle. Quand mon père a parlé de nous vendre l’entreprise, ç’a été naturel. Je suis née dans la business, c’est inné pour moi. J’aime brasser des affaires, que ce soit dans l’immobilier, les Mini-entrepôts Touski-fit, dont je suis propriétaire avec mon père, ou chez Prop-Air.

À juste titre, André Goyette souligne que cette relève familiale est un succès :

C’est très rare puisque 70% des entreprises familiales sont un échec au moment de la relève. 

UNE MISE DE 500$

C’est Martin Baril qui a fondé Prop-Air en 1992, l’année de naissance d’Alexandra Baril. Il a quitté son Témiscamingue natal pour s’installer à Gatineau avec 500$ dans les poches. L’emploi s’y faisait rare et il rêvait de se lancer en affaires.

Mon père avait un cours en chauffage-climatisation, relate Alexandra Baril. En consultant les Pages Jaunes, il s’est rendu compte qu’il n’y avait qu’une seule entreprise sous la rubrique de nettoyage des conduits d’air. Il a décidé de se lancer dans ce domaine. 

Durant les cinq premières années, il était seul et faisait tout, de jour comme de nuit. Il a même fait du porte-à-porte pour se faire connaître puisque les gens n’avaient pas le réflexe de faire nettoyer leurs conduits d’air à l’époque. Au bout de ces cinq premières années, il avait décidé de mettre la clé sous la porte à la fin d’un mois s’il n’avait pas plus de revenus. C’est là qu’il a obtenu le contrat le plus lucratif de l’histoire de l’entreprise avec la Défense nationale. À partir de ce moment, il a pu engager du personnel et l’entreprise a connu un essor important.

Parmi les contrats les plus prestigieux de Prop-Air, outre la Défense nationale, il y a la Banque du Canada, la Place du Portage, la Place du Centre, la Commission scolaire des Draveurs, des hôpitaux d’Ottawa et autres. Environ 70% des clients sont de l’Ontario.